L'installation dans le réfectoire
À la Révolution, la salle du réfectoire dont les murs sont alors en partie recouverts de boiseries sert un temps d’entrepôt de munitions. Ce n’est qu’à partir de 1798, date à laquelle les bâtiments du prieuré sont attribués au Conservatoire, nouvellement créé par le décret du 19 vendémiaire an III (10 octobre 1794) que l’on se préoccupe d’une affectation définitive du réfectoire. D’abord logée dans l’actuel musée, la bibliothèque du Conservatoire s’installe ensuite en ces lieux. Mais il faut attendre 1845 pour que s’ouvre une vaste campagne de restauration du réfectoire, menée par l’architecte Léon Vaudoyer (1803-1872). Suivant le parti pris architectural de son contemporain Viollet-le-Duc, nombre d’éléments architecturaux sont repris pour accentuer le caractère moyenâgeux de l’ensemble. La chaire du lecteur reprise lors de cette restauration, en saillie sur le mur nord, retient particulièrement l’attention. De forme hexagonale, elle est accessible par un escalier à claire-voie taillé dans l’épaisseur du mur, et se distingue par l’abondance de sa décoration. La salle est également meublée dans le style néo-gothique.
Dans le même esprit, des fresques figuratives sont commandées au peintre académique Léon Gérôme (1824-1904) qui exécute sur le mur est six figures allégoriques : Plastica et Pictura, Chimica et Physica, surmontées par deux médaillons représentant Ars et Scientia. Au-dessus de l’entrée du cloître, Louis Steinheil (1814-1885) se voit confier la réalisation d’une fresque représentant « Saint-Martin et le mendiant » ainsi que l'ensemble des peintures ornementales du bâtiment : colonnes peintes en alternance de rouge et de noir, chapiteaux et corbeaux dorés, voûte au décor de croix et de fleurs de lys, et murs recouverts d’un faux appareil. Toutefois, l’architecte Vaudoyer et les représentants du ministère des Travaux publics leur reprochent de ne pas avoir su harmoniser la décoration au style du bâtiment.
La restauration des années 1960
Dans le cadre d’une restauration complète du réfectoire au début des années soixante, on s’interroge sur le sort de ces peintures, alors en très mauvais état : après débat contradictoire, décision est prise de les supprimer. Ces œuvres de Léon Gérôme et Louis Steinheil ont aujourd’hui disparu. Dans le même temps, on œuvre à la modernité des lieux pour offrir des conditions favorables au travail des usagers de la bibliothèque, en supprimant notamment le mobilier gothique au profit de tables et de chaises dans l’esprit de l’époque. Murs et colonnes sont alors remis à nu.
Aujourd’hui
Une nouvelle campagne de travaux structurels entre 2015 et 2019 a permis de sécuriser le bâtiment grâce à la restauration des maçonneries des voûtes et de la charpente ainsi qu'à la consolidation du voûtement par des tirants.
Aujourd’hui, la bibliothèque centrale offre à ses lecteurs 160 places assises dans un cadre exceptionnel, l’un des plus anciens bâtiments gothiques de Paris.
Bibliographie
Le Réfectoire du prieuré de Saint-Martin-des-Champs : Bibliothèque du Conservatoire national des arts et métiers, Paris, Bibliothèque du Cnam, 1989.
Alain Mercier. Le Conservatoire des Arts et Métiers : des origines à la fin de la Restauration, 1794-1830, Paris, Snoeck, 2018.